mardi 30 août 2011

La Nana est de retour

avec les plusses et les moinsses de ses vacances...

+++ Choupinou et Choupinette, enfants modèles... et vas-y que je te dors pratiquement les 13 heures que dure le voyage vers le Sud-Ouest, et vas-y que je souris à tout le monde même quand je connais pas, et vas-y que je me laisse trimballer à droite à gauche sans râler, et vas-y que je fais des nuits de 12 heures au moins et des siestes d'au moins 3 heures... les propositions d'adoption spontanée ont fusé!

+++ la jolie cérémonie de baptême, intime et personnelle, les enfants sages comme des images, Choupinou qui s'écrie "encore de l'eau!" après que le curé lui en ait fait couler un peu sur le front et souffle sur la bougie que son père est en train de tenir, la jolie chanson "je serai là" de Terri Moise qui résonne dans la petite église de village... la Nana est loin d'être une grosse pratiquante et se pose souvent des questions sur sa foi, mais ces moments l'ont émue et l'ont fait se faire sentir partie d'un "tout".

+++ les cadeaux et une jolie présentation sur un stick qui nous attendaient le jour du baptême, joli geste d'une amie qui était prévue pour être la marraine de Choupinou mais qui n'a pas pu se déplacer.

+++ les grand-parents et le tonton qui gagatent devant les loulous (et maintenant, une reprise en main nécessaire parce que les fraises Tagada en guise de dîner et les "laisse-le faire, il est en vacances, il a bien le droit de se lâcher" à longueur de journée, ça n'aide pas à ce qu'un bonhomme de 26 mois reprenne sa routine d'avant-vacances et soit un minimum obéissant).

+++ les petits restos français qui ne payent pas de mine comme ça mais qui servent de succulents repas, la bonne humeur des cuistots qui viennent te voir à table, les serveurs qui blaguent,... une ambiance qu'on ne rencontre jamais en Allemagne et qui me manque un peu.

--- le choc le jour du baptême au milieu du repas, quand le vieux tonton du Mec qui avait avalé un morceau de travers s'est levé et est tombé dans le hall du resto... les minutes interminables où il s'est arrêté de respirer, la panique dans les yeux de sa femme et de ses enfants, l'impression d'être dans un épisode de Grey's Anatomy... heureusement, un médecin allemand en vacances était là et après un massage cardiaque musclé l'a ramené à la vie. Depuis, il va mieux et n'a pratiquement aucune séquelle de cet accident, mais quelle frayeur...

--- Belle-Maman que la Nana et le Mec ont de plus en plus de mal à comprendre et à supporter, elle devient "bipolaire", une minute tout va bien dans le meilleur des mondes, celle d'après ils sont des enfants indignes qui l'abandonnent. On doit faire attention à chaque mot que l'on dit, au bout de 15 jours c'est épuisant. On n'évite pourtant pas les engueulades et les mots définitifs qui font mal, cette année c'était presque un record, 4 jours complets sans dispute, mais quand c'est arrivé on en a pris plein la tronche. Ah et puis aussi, comme Madame ne sait soi-disant pas faire la cuisine (elle a même l'air d'en être très fière), c'est qui qui se tape les idées à trouver, les courses, la bouffe à faire tandis qu'elle reste dans son fauteuil à regarder? Gagné, c'est Bibi et Bibiche! Les dernières années, elle aidait encore, cette année elle ne faisait plus aucun effort. Autant dire que dans ces conditions, on se sent moyen en vacances...

--- le papa de la Nana qui lui donne l'impression de se détruire à petit feu, une déprime, un peu trop de boissons alcoolisés, un foie qui se rebelle et lui ôte l'appétit, le manque d'exercice, tout ce qui fait que même si leurs relations ne sont pas toujours au beau fixe, même si elle ne lui pardonnera jamais la blessure infligée pendant son enfance, son coeur se serre à chaque fois qu'elle le voit, amaigri, absent, apathique, fragile, chaque fois encore un peu plus...

--- le temps pas vraiment génial, de la fraîcheur et des nuages la plupart du temps, pendant 2 jours une chaleur accablante et le thermomètre qui frôlait les 40°C, puis de nouveau le gilet à ressortir... pas d'occasion de sortir la petite piscine spécialement achetée pour l'occasion, pas de grosses balades à faire avec les Pyrénées en toile de fond, pas de repas en terrasse à la lumière des bougies... quel été pourri quand même!

Maintenant, le rythme de travail reprend, les allers-retours à la crèche, les collègues tout bronzés (si, il y en a), les premiers chantiers à régler... en attendant les prochaines vacances!

vendredi 12 août 2011

Vacances, j'oublie tout

Je ne sais même pas pourquoi j'écris un message comme quoi je pars, vu que personne ne vient ici personne ne s'en apercevra (mode caliméro on). Mais bon, je fais comme si j'avais quand même des milliers de lecteurs (mode mythomane également on).
Ce soir donc, vacances bien méritées, depuis ma reprise du boulot mi-Février pas de vacances officielles (à part un jour par-ci par-là lorsque la crèche était fermée mais avec les deux loulous à la maison on ne peut pas dire que ça ait été super reposant), je sens que j'en ai beaucoup besoin. Est-ce-que ça va être des vraies vacances, that is the question: 1400 km avec deux nains de moins d'un mètre, 10 jours chez Belle-Mam (no comment), un double-baptême où y'a encore plein de trucs à préparer (mode just in time on, décidément...), une seule chambre d'amis où on va donc dormir tous les quatre, la tournée des gens qui n'ont pas encore eu le plaisir de faire la connaissance de Choupinette et de son sourire à deux dents irrésistible, 1400 km retour. Youpi. Mais au milieu de tout ça, du soleil (l'espoir fait vivre), quelques gorgées de rosé après la dernière tétée de la Miss, des plats typiquement français, le bon air des montagnes, les rires des petiots dans la petite piscine dans laquelle Belle-Mam a investi, pouvoir glander un minimum en disant aux deux "allez donc jouer avec Mamie", voir que le Mec se détache un peu de son boulot et que ses maux d'estomac des derniers jours qui y sont forcément reliés se fassent la malle... bref, des vacances normales dans notre vie agitée!
Ciao à celui qui lira, I'll be back fin août/début septembre!

mercredi 10 août 2011

Choupinou dessine

Depuis qu'il est en âge de tenir un stylo et qu'il a compris le principe (à savoir mettre le-dit stylo sur la feuille en papier (et pas sur le parquet, saperlipopette!) et laisser libre cours à sa fantaisie...), Choupinou fait l'artiste. Comme une bonne mère gagatisante j'ai mis ses plus belles oeuvres sur mes frigos (ouais, on a deux gros frigos, la classe hein?) et observe l'évolution lente de ses croquis. Mais la majorité du temps, il aime bien que ça soit nous qui dessinions, lui se contentant de mettre la touche finale. En revanche, il faut TOUJOURS dessiner la même chose: une pelleteuse, tracto-pelle, buldozer (si quelqu'un peut m'expliquer la différence entre tous ces engins je lui serais très reconnaissante, merci). Parce que Choupinou est une grosse feignasse comme sa mère, lui il appelle la chose par son nom allemand (en plus, il n'y en a pas 50) plus facile à prononcer: "bagger". Tous les soirs, je dois donc dessiner 4 ou 5 "gros bagger" avec des "remoques" (une devant, une derrière, j'ai essayé de lui expliquer que la remorque devant c'était certes pratique pour pouvoir entasser plus de choses mais que c'était en revanche moyen pratique pour avancer), un "meuchieu" qui conduit, les mains sur le "volant", et la "route" en dessous. Parfois, quand le gros bagger a pris pratiquement toute la place sur la feuille, il faut faire plein de "piti bagger" autour. Quand il est satisfait de ce que Môman/Pôpa ont dessiné, il a un sourire jusqu'aux oreilles. L'autre jour, contrairement à ses habitudes, c'est lui qui a commencé le dessin en faisant deux beaux ronds (fière la Nana, fière...). Et puis il a dit "Choupinou grooooooosses roues bagger, Maman bagger". Ok mon fils. J'ai donc pris ses ronds comme base et ai dessiné une sublime pelleteuse (je commence à maîtriser hein), un beau travail d'équipe. Hier soir par contre, au bout du quatrième gros bagger (sur l'ardoise magique c'est vite effacé) j'en ai eu marre et je lui ai dit "bon t'es bien gentil Choupinou mais moi les gros bagger j'en ai marre, tu voudrais pas qu'on dessine autre chose?". Et là il m'a regardée de ses grands yeux myosotis et il m'a dit: "Cracteur".
Je suis pas rendue moi.

mardi 9 août 2011

Sacrée soirée...

Hier.
La Choupinette qui se réveille toutes les 10 minutes parce qu'elle a perdu sa tototte...
Ma montagne de linge à repasser dont j'ai commencé l'ascension depuis dimanche mais qui semble ne pas vouloir diminuer, et les chemises du Mec qui font esseuprès d'avoir des petits plis rattrapables uniquement avec des litres de vapeur, mon front transpirant faisant foi...
Le Mec qui va sur l'ordi dans la salle à manger alors que mince quoi, si on a un Wifi c'est bien pour pouvoir être dans la même pièce non?
La télé préalablement bloquée par Monsieur sur TV5 (bloquée parce que la télecommande a encore disparu...) et son émission culte (c'est ironique) foot! qui m'informe 45 minutes durant sur les scores de Brest-Evian Thonon (2-2 pour votre info, de rien c'est cadeau) et qui me fait soupirer à chaque jeu de mot à 2 balles du non moins culte (c'est encore ironique) Didier Roustan: "à Dijon, la mayonnaise n'a pas encore pris". Ah, ah, ah.

Bon.

Ce soir, j'oublie les fringues pas repassées (ça se fera sur la bête épicétou), je blinde la Choupinette avec une bouillie que même si elle perd la tototte ça ne lui fera pas ouvrir les yeux, j'interdis au Mec d'aller sur l'ordi et on se fait une série qu'on aime en V.O., un magnum Temptation Chocolat (une tuerie!) à la main.

Chiche? Chiche!!!!!!!!!

lundi 8 août 2011

Amis de la nature

Les allemands doivent être un des peuples les plus « bios » au monde. Bien sûr de nos jours tout le monde s’y met, mais je pense que si on recherchait un minimum on s’apercevrait qu’ils ont commencé bien avant le reste du monde. Chaque supermarché a sa marque bio, ses rayons bio, il y a des magasins à chaque coin de rue. Alors bien sûr comme partout le bio c’est plus cher que le pas bio et sur les fruits légumes on ne peut pas dire qu’on remarque une différence notable de texture ou de goût. D’ailleurs je ne sais même pas exactement ce qui qualifie un produit de bio. Le fait de ne pas utiliser de produits chimiques? J'ai lu hier sur un blog l'histoire de patates bios... qui viennent d'Egypte. Mouais. Quitte à faire du bien à la planète, autant acheter des produits locaux nan? Bref, le bio est partout, même dans les petits pots et les biscuits des bébés. Mais d'un autre côté paradoxalement justement au niveau des enfants je trouve que le côté écolo n'est pas vraiment très présent ici. Sur aucun forum allemand je n'ai vu de questions ou de débats sur les couches lavables ou sur les habits "verts". Tout le monde utilise des lingettes pour nettoyer les fesses de ses rejetons. Alors bon, on va dire que c'est une exeption (à rajouter aux grosses voitures qui font du 200 sur l'autoroute) au milieu du grand ensemble qui me fait dire que les allemands sont « proches de la nature ».

Un deuxième élément, c’est le thème de la nudité. Là aussi peut-être que je me trompe mais il me semble que le naturisme, c’est très germanique au départ. Non pas que ça me choque, moi j’ai été sur une plage naturiste pendant 20 ans avec mes parents. Depuis que je suis avec le Mec qui n’a pas forcément les mêmes vues sur la chose, je ne pratique plus mais ici, c’est délicat de ne pas faire comme les autres. Prenez le sauna par exemple. Déjà, dans 90% des cas, les saunas sont mixtes, c’est très dur d’en trouver un seulement pour les femmes. Ensuite, passée la porte de la pièce, tout le monde à poil ! Ca surprend la première fois. Moi j’ai d’abord mis un maillot de bain, je me suis fait réprimander sur le fait que c’était pas hygiénique, que ça aidait à la prolifération des bactéries, et blablabla et blablabla. Alors après je prenais une grande serviette qui cachait ce qu’il y avait à cacher et tant pis pour ceux qui me regardaient de travers. Et comme ça je transpirais encore plus, et toc, double effet kiss-cool. Mais les autres, c’est sans aucune gêne et sans même chercher à cacher quoi que ce soit qu’ils se trimballaient entre le sauna, la douche et les chaises longues, vêtus en tout et pour tout de tongs. En plus là où j’allais du temps où j'avais le temps de faire du sport (à l’origine pour jouer au squash), c’est à côté du boulot donc ça m’arrivait souvent de voir des gens de la boîte, pas forcément des collègues directs mais des gens que je connaissais de vue. Vous imaginez, le midi je dis bonjour à quelqu’un dans une réunion, le soir je le vois le p’tit oiseau à l’air à 50 cm de moi. Ca le fait pas vraiment.
C’est un exemple bête mais un jour dans un magasin, le Mec essayait un pantalon, dans la cabine d’à côté un type faisait des essais de costumes, sans fermer le rideau. Tout le monde a donc pu admirer son magnifique slip kangourou et ses cuisses de poulet. Dommage que ça n'ait pas été un rugbeux bien musclé avec un boxer moulant *soupir*. Bref, je m’égare, tout ça pour dire qu’au niveau pudeur, j’ai déjà connu mieux. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne veux pas faire l’amalgame entre naturisme et impudeur, je constate seulement qu’ici, se montrer tout nu, ben c’est presque normal. Un avantage, c'est qu'on se fait pas reluquer quand on allaite en public à grands coups de "cachez ce sein que je ne saurais voir...".

Parlons des allemandes maintenant. Là non plus loin de moi l’idée de généraliser, mais souvent on s’aperçoit qu’elles aussi elles veulent rester proches de la mère nature. Le rasoir ou les crèmes dépilatoires? connaît pas ! Je pensais que c’était un cliché, jusqu’à le voir de mes propres yeux. D’abord une fois dans le train avec le Mec, retour sur Paris. En face de nous, une jolie petite allemande. Mais vraiment jolie hein, 20 ans ou à peine plus, des traits fins, de beaux cheveux, des yeux bleu azur, des tâches de rousseur sur le nez… j’étais même contente pour le Mec (je suis très jalouse en temps normal mais pour ça je suis pas chiante, comme ils disent ici « il a le droit de regarder le menu autre part mais à la fin c’est à la maison qu’il mange ». À méditer), pour une fois qu’il n’avait pas une walkyrie en ligne de mire... Cette vision idyllique a duré jusqu’à Strasbourg, jusqu’à ce que la Miss prenne une position croisement de jambes typiquement féminine, et que de fait son pantalon remonte et laisse apparaître une bonne partie de ses mollets. Et là, j’ai presque entendu le Mec pousser un soupir de déception. C’était très long (donc ce n’était pas une erreur, ça datait pas de 3 jours comme la barbe du même nom !). C’était très noir sur une peau très pâle. C’était yétinesque (si je veux j’invente des mots). C’était à faire partir à toute allure tout individu mâle un minimum attaché à l’esthétique.
La deuxième fois (qui s’est répétée souvent depuis), c’est quand une collègue bien propre sur elle, bien habillée bien comme il faut, a levé les bras un jour d’été en réunion. C’était la forêt amazonienne là-dessous. À déblayer à la machette. Berk. Dernièrement c'est la stagiaire du département d'à côté (déjà pas extrêmement féminine à la base) qui a débarqué en bermuda. Ouille ouille ouille, ça devait piquer grave.  Et je vous parle pas de tout ce que j’ai pu voir dans les douches du club de squash sus-nommé. Sans être moi-même une adepte des coupes dites ticket de métro, quand la brousse gagne du terrain il faut quand même savoir l’arrêter, non? (z’avez vu, tout plein de métaphrases pour que les pervers du Net arrivent pas sur mon blog avec des mots-clés bizarres. Vous me direz, en ce moment personne n'arrive sur mon blog, même pas les pervers...). On voit souvent des stars poser déshabillées avec le slogan « plutôt nue qu’avec de la fourrure ». Ben les allemandes elles font les deux. Nues et avec fourrure.

P.S : super poétique le billet, nan?

vendredi 5 août 2011

Le Choupinou ressemble à Rocky

Lieu: le salon.
Heure: environ 19.00.
Ambiance: calme, Choupinette a le sein de la Nana bien dans sa bouche, Choupinou joue avec son garage, tout baigne.

Tout d'un coup, un bruit suivi d'un cri déchire le silence. La sirène se met en marche "aua, aua, auaaaaaaaaaa" (pour les non-germanistes, aua ça veut dire aïe en teuton), les larmes coulent... sans paniquer, la Nana pose Choupinette par terre et dit à Choupinou "viens faire un câlin à Maman pour ne plus avoir mal". Le Choupinou vient dans les bras, pose sa tête sur le biceps (ça fait musclé quand je dis ça nan?) de sa mère. Au bout de quelques secondes, il se retire... et la Nana s'aperçoit que son bras est rouge... et que la moitié du visage de Choupinou est rouge... et que ça coule, bordel!
On ne panique pas, on ne panique pas "viens avec Maman dans la salle de bains mon chéri", la Nana attrape un gant, le mouille, nettoie le visage du blondinet... la vache, il a une entaille sur la paupière! Entre temps la Choupinette exprime son mécontentement que sa Môman soit sortie de la pièce sans elle à fond les décibels (comment une aussi petite chose peut-elle crier aussi fort?). Au même moment, le Mec rentre du boulot: sa femme a son aîné dans les bras, un gant ensanglanté à la main et la petite hurle à plein poumons dans le salon. En quelques secondes la crédibilité de la Nana en tant que "mère qui gère comme une chef avec moi ils sont toujours sages" en prend un coup... on passera sur la petite phrase qui énerve "mais, tu le surveillais pas?" (non, non, c'est l'homme de ta vie et le père de tes enfants, tu n'useras pas de la violence, un regard assassin suffira...).
La reconstitution du drame avec les indices présents a montré que Monsieur Choupinou avait essayé (et réussi) d'enlever de ses rails l'ascenseur à voitures situé sur le côté de son garage, ce qui n'est pas forcément prévu (mais possible, sur ce coup je ne vous remercie pas Messieurs les Créateurs des Little People!), et que la force de l'élan pris à cet effet a fait que le dit-ascenseur au moment de sa sortie des rails est malencontreusement allé rencontrer la paupière de Choupinou. Quelques millimètres en dessous c'était l'oeil (je préfère ne pas y penser...). Ce matin, c'est évidemment gonflé. Presque on s'attendrait à ce que le petiot s'écrit "Adrieeeeeeeeeeenne". En tout cas, c'est aujourd'hui pratique que depuis quelques jours Choupinou ne veuille plus quitter ses lunettes de soleil, quel que soit le temps. Ca évite de passer encore une fois pour une mère indigne à la crèche...

lundi 1 août 2011

L'histoire de Choupinette

Aujourd'hui, je me décide à mettre "sur papier" l'histoire de la naissance de Choupinette. 8 mois après, je ressens toujours une immense frustration, parce qu'on m'a "volé" ce qui auraient dû être de bons moments mais qui finalement n'ont été que pleurs et désespoir, et un peu de rancune envers une certaine pédiatre qui nous a fait peur (pour rien, je vous rassure sur l'issue de l'histoire dès le début, même si ça casse le suspens...).

Comme pour Choupinou, la grossesse de Choupinette s'est passée idéalement. Aucun désagrément, une Nana super en forme, un bébé avec tout ce qu'il faut où il faut. Vu l'âge avancé de la maman (on va dire plus près de 40 que de 30 ans...), le tri-test était une étape indispensable (je rappelle qu'en Allemagne, on n'est pas du tout obligé de le faire, il est juste conseillé). Prise de sang, mesure de la clarté nucale, échographie détaillée, je connaissais déjà tout ça de ma première grossesse. Comme la première fois, le grand ponte qui m'a fait faire les examens était très positif, risque de 1/7500 (meilleur que pour Choupinou, bébé éprouvette donc risque augmenté), "ce sont les valeurs d'une petite jeunette de 20 ans Madame" (youhouuuuu), la clarté nucale est nickel (tiens, rigolotte la phrase), à l'échographie tout est impec, "j'ai le plaisir de vous annoncer que c'est une fille", pas besoin de faire d'amniocentèse, le risque de faire une fausse-couche lors de l'opération étant plus important que le risque d'avoir un bébé handicapé. Ca roule, Raoul!

J'accouche par césarienne fin Novembre, ma puce est magnifique, elle commence à téter comme une championne à peine on la pose sur moi... lors de sa première "inspection" on remarque qu'elle a un petit bout de peau à côté de l'oreille et que sa fontanelle est un peu petite. Rien de bien méchant me dit-on, on demandera juste à un pédiatre de jeter un coup d'oeil pour la forme. La journée est un enchantement, ma petiote fait des sourires en dormant, son grand frère passe son temps à lui faire des caresses sur la tête en disant doucement "bébé", je me sens la plus heureuse du monde. Le lendemain, on me dit que la pédiatre va regarder ma louloute comme prévu. Ca dure, ça dure... enfin on me la ramène, toute fraîche lavée, je me dis que c'est pour ça que ça a duré si longtemps. L'infirmière a une drôle de tête et me dit qu'on va faire un petit voyage. Hein quoi? J'ai une césarienne de la veille, je pisse dans une poche en plastique, sûr que c'est le bon moment? Je me laisse quand même faire, parviens tant bien que mal à m'asseoir dans une chaise roulante... on sort de la chambre, l'infirmière me dit "on ne va pas bien loin, mais la pédiatre veut vous parler entre 4 yeux, vu que vous avez une colocataire dans la chambre c'est pour ça qu'on vous bouge". Parler entre 4 yeux, ça n'augure rien de bon. Je commence à avoir une boule dans la gorge, je demande ce qui se passe à l'infirmière, elle ne me dit rien et se contente de répéter "la pédiatre va tout vous dire". On arrive dans la salle d'allaitement, déserte. J'attends quelques minutes et une toute jeune médecin me rejoint. Elle me dit avoir observé Choupinette. La fontanelle, ce n'est pas un problème, elle est dans les normes... le bout de peau, c'est bénin aussi, si jamais ça nous dérange d'un point de vue esthétique on pourra toujours le faire enlever plus tard. L'espace de quelques secondes, ma boule dans la gorge se résorbe. Jusqu'à ce que la pédiatre se mette à faire une tête de 10 pieds de long (le genre de tête où vous savez de suite qu'elle va annoncer une mauvaise nouvelle) et sorte en même temps "par contre, il y a autre chose...". Silence. "j'ai observé Choupinette sous toutes les coutures. Elle a les yeux très en amande. Et puis elle a des petites oreilles, un peu basses je dirais même. Et puis il y a un écart entre ses gros orteils et le reste de ses doigts de pied." Re-silence, je me mets à trembler comme une feuille. "Tout cela, ce sont des signes distinctifs de trisomie 21". À partir de ce moment-là, j'ai été en état de choc. Impossible de parler, impossible de pleurer, juste ce tremblement incontrôlable... la pédiatre continuait à parler, je ne l'entendais plus, je la regardais mais sans la voir. Quelques minutes après, le Mec et Choupinou sont arrivés. Souriants. Jusqu'à ce que le Mec voit ma tête et demande "ça va?". J'ai juste eu la force de répondre "non, ça va pas". Et la pédiatre a refait le même discours: les yeux, les oreilles, les pieds, les doutes... le Mec a fondu en larmes. Puis il s'est repris, et il a posé des questions, moi j'étais toujours prostrée, seulement concentrée sur le fait de retenir mon drain qui glissait sans arrêt. "Les yeux en amande, c'est de famille" qu'il a dit. "Oui, mais..." a répondu la pédiatre. "Tous les tests faits pendant la grossesse étaient parfaits" a-t-il ajouté. "Oui, mais ils sont loin d'être fiables" a répondu la pédiatre. Elle a quand même fini par nous donner quelques notes d'espoir, à savoir que notre princesse avait certes ces signes qui pouvaient laisser penser que... mais qu'il y avait un certain nombre d'autres signes typiques qu'elle n'avait pas. Elle nous a ensuite indiqué la suite des événements: ma puce allait être conduite en néo-nat pour être mise sous monitoring (les enfants trisomiques ont souvent des problèmes de coeur), son sang envoyé pour analyses chromosomiques dans un laboratoire spécial en ville. Le reste de la journée est passé comme dans un mauvais rêve. C'est le soir, au moment où le Mec m'a embrassée et serrée avant de rentrer à la maison que j'ai craqué: les larmes ont commencé à couler et ne se sont plus arrêtées. Les jours suivants (presque une semaine) ont été très durs. 3 fois par jour on me faisait traverser la clinique en chaise roulante pour aller allaiter ma fille attachée à des électrodes au milieu des prémas. Quelques heures à nourrir ma petite, à la bercer, à verser des larmes sur elle en lui murmurant qu'elle était la plus belle et qu'on allait y arriver tous ensemble. Une semaine à faire le relais avec le Mec parce que pas le droit d'entrer à plusieurs en néo-nat et encore moins le droit d'y amener Choupinou porteur de potentiels microbes. Choupinou qui demandait sans arrêt "bébé, où bébé?" et me caressait la joue en me voyant pleurer. Une semaine toute seule dans une chambre, avec les douleurs de la césarienne, à me faire des films sur ce qui allait peut-être devenir notre vie, une vie avec un enfant pas tout à fait comme les autres. Une semaine de montagnes russes, entre l'espoir, le désespoir et la résignation, et peu d'heures de sommeil. Une semaine où le Mec passait ses nuits sur Internet à taper sur Google "signes trisomie" et lisait tout et son contraire... Une semaine bercée par le soutien des copines, des infirmières, de la famille aussi abasourdie que nous. Une semaine au bout de laquelle j'avais des centaines de cheveux blancs en plus (véridique!).
Le retour à la maison s'est fait sous la neige, sans résultats définitifs à part une échographie du coeur qui prouvait que Choupinette ne souffrait d'aucune faiblesse de ce côté-là, c'est ce qui a permis qu'on puisse sortir. Dans mon environnement habituel, avec ma fille dans les bras, le moral est remonté, avec des hauts (elle tétait comme une chef alors que les bébés trisomiques ne le peuvent souvent pas) et des bas (crise de larmes à chaque fois que la chanson "just the way you are" passait à la radio). Et puis, un jeudi de Décembre, en début d'après-midi, la sonnerie du téléphone. Le Mec répond, écoute quelques secondes, dit "oui, je suis le papa". Mon coeur bat à 1000 à l'heure, je scrute son visage à la recherche du moindre indice, il appuie sur la touche du haut-parleur et une voix remplit la pièce: "nous avons les résultats des analyses chromosomiques: votre fille est en parfaite santé et elle n'est pas atteinte de trisomie 21". Je ne pensais plus avoir de larmes, mais celles de soulagement ont coulé de longues minutes...

Je crois que je ne réussirai jamais à penser à la naissance de Choupinette sans que toutes ces émotions ne remontent à la surface. Je regrette cette semaine où je n'ai pas pu apprendre à connaître ma fille tout en me disant que cette semaine est bien peu de temps à côté de tous ces moments magnifiques que je vis avec elle depuis, et tous ceux qui sont à venir. J'en veux un peu à cette pédiatre inexpérimentée qui a préféré nous faire peur pour assurer ses arrières, mais d'un autre côté je me dis que c'est le rôle du médecin de faire cela s'il a le moindre doute.
Tous les jours je regarde ma puce, ses magnifiques yeux bleus en amande, ses petites oreilles délicates, ses petons que j'ai envie de croquer sans arrêt (voir photo ci-dessus), et je sais que même s'il s'était avéré qu'elle ait été "différente" elle aurait été aimée de la même façon... et je ne peux m'empêcher de fredonner:

"When I see your face
There's not a thing that I would change
Cause you're amazing
Just the way you are
And when you smile
The whole world stops and stares for awhile
Cause Girl you're amazing
Just the way you are" 
(Bruno Mars, 2010)