jeudi 31 mai 2012

Pendant ce temps, à Vera Cruz...

(les cinéphiles parmi vous reconnaîtront d'où vient le titre... ce film, au-delà du fait que même après le dixième visionnage je me bidonne toujours sur les mêmes répliques, a une signification particulière, puisque quelques heures après l'avoir regardé en une chaude soirée de Juin 2009, débarquaient les premières contractions qui annonçaient la naissance de Choupinou)

Hein, donc (comme disait environ 50 fois par heure un de mes profs en école d'ingé), nouvel épisode de la série palpitante "les films de ma vie"!

"Un flic à la maternelle"
Youpi youpla, gloria alleluya, super top méga trop, on a une place pour Choupinou au jardin d'enfants/école maternelle à partir de Septembre! Les expatriés germanisants qui me lisent (mais si, il y en a, on y croit!) comprennent quel soulagement c'est, pour les autres sachez qu'en Allemagne, les places au jardin d'enfants sont rares, un peu moins que celles en crèche mais pas loin. Dans mon cas, une difficulté supplémentaire du fait que je suis une mère indigne qui travaille à plein temps, donc qui a besoin d'un endroit où les enfants ne sont pas libres à partir de 13:00. Sur 5 jardins d'enfants que compte ma ville, 2 sont à plein temps (7:00 - 17:00). C'est donc pour ces deux qu'on a fait notre "candidature" il y a un an et demi de cela. Et il y a quelques jours, la bonne nouvelle est tombée par l'intermédiaire d'un message sur notre répondeur: on a une place, et c'est à 3 minutes en voiture de la maison. Youhouuuu! Il nous restera à trouver quelqu'un qui s'occupe d'aller le chercher là-bas à 17.00 et de s'en occuper jusqu'à ce qu'un de nous deux rentre (vers 18:30), et les prochaines années risquent d'être assez prise de tête sur le thème des vacances parce que l'établissement est fermé tout le mois d'Août, mais quand même, c'est une petite victoire!
Le jardin d'enfants allemand, c'est un peu différent de l'école maternelle française. Déjà, rien qu'au nom on peut le deviner... ici, la période entre 3 et 6 ans, c'est la suite logique de la crèche, où on joue beaucoup, où beaucoup de place est laissée aux activités manuelles, créatives, où on passe beaucoup de temps dehors. Certes, il y a un côté préparation à l'école, mais ce dernier ne passe pas au premier plan. En France, c'est l'école. Un encadrement déjà très scolaire, un apprentissage qui débute... j'ai trouvé cet article très intéressant qui résume bien les différences en farfouillant sur le Net:
On peut trouver des avantages et des inconvénients à chaque système (même si sur le papier c'est l'allemand qui semble le mieux parce qu'il se concentre sur le bien-être de l'enfant), je pourrai parler de notre expérience ici. En tout cas, c'est encore une étape qui fait que mon petitou n'est définitivement plus un bébé... (enfin si, quand ça l'arrange, du genre Monsieur a encore des couches et refuse le pot, on a tout l'été pour qu'il soit propre en journée, là-aussi on y croit fort fort!!!!!!!)

"le Séminaire"
Il y a 15 jours j'étais de nouveau en séminaire, la suite de celui que j'ai fait l'automne dernier et dont j'avais brièvement parlé ici. Le premier, c'était un peu sur le thème "est-ce-que je veux devenir chef d'équipe?", celui-ci, c'était "maintenant que je sais que je veux le devenir, quel genre de chef d'équipe serai-je, qu'attend la boîte de moi?". Sur 16 personnes, nous étions seulement 5 à ne pas faire l'Assessment Center cette année. Il y avait donc 11 jeunes loups qui se voyaient les uns les autres comme de potentiels concurrents et qui a chaque thème abordé en gros demandaient "et comment il faut faire pour bien répondre/être bien vu le jour de l'Assessment Center?", malgré que les formateurs aient dit dès le début que le séminaire n'était en aucun cas une préparation à ça. Heureusement, ils ont assez vite compris, et le groupe était au bout du compte assez sympathique. J'étais pratiquement la seule à venir du domaine du développement, la plupart des autres filles notamment étaient dans le marketing, la logistique ou encore les achats. Dans ces jobs il y a évidemment besoin d'un certain bagou, d'une certaine présence. Vous l'aurez compris, à côté de ces filles sûres d'elles, qui racontent qu'elles font 6 heures de sport par semaine, que tous les ans elles font un grand voyage "le plus beau jour de ma vie c'est quand je suis arrivée au sommet du Kilimandjaro", et que oui, elles ont fait le choix de ne pas avoir d'enfants et de privilégier leur carrière (toutes entre 36 et 40 ans), je me sens un peu... différente (voir mon post précédent). Ca ne m'a pas empêchée de participer activement au séminaire, de me faire "mal" en me forçant à faire un jeu de rôle sur une situation de conflit pas évidente, et finalement j'en retire des bonnes choses, je sais les domaines où il faut que je travaille sur moi et j'ai récolté des feed-backs positifs (en plus, personne ne s'est plaint de mon accent) et des critiques constructives. Si on ajoute à cela un entretien très très agréable hier avec un collègue de mon chef (donc assez haut hiérarchiquement), duquel va peut-être se profiler une possibilité de prendre des responsabilités dans un projet, ce qui est mon but pour me remettre dans le bain de la technique les prochains mois, mon bilan professionnel et les progrès que je constate chez moi sont donc plutôt positifs. Pourvu que ça dure...

"Boire et Déboires"
J'ai un peu hésité à en parler ici, même si j'y ai déjà fait quelques allusions, mais quelque part même si en ce qui concerne ma famille avec les années je me suis fabriqué une carapace et ai mis une certaine distance émotionnelle pour me protéger, il reste que quand il y a un problème ça me travaille et j'ai besoin d'en parler. Le problème? L'alcool. La personne concernée? Mon père. Il y d'abord eu son départ en retraite. Puis un événement qui l'a beaucoup perturbé. S'en est suivi un début de dépression. Mes parents ont toujours été de bons vivants, également au niveau de la boisson, du vin pendant les repas je l'ai toujours connu à la maison. Quand le petit whisky digestif ponctuel du paternel est cependant devenu systématique, quand il n'était plus seulement digestif mais pris à n'importe quel moment de la journée, quand sont apparus les réveils nocturnes histoire de "prendre une petite goutte", quand les muscles ont fondu, quand le foie s'est rebellé, quand le moindre effort est devenu une épreuve physiquement impossible, quand les chutes ont commencé... c'est qu'il était déjà dans l'engrenage. Je n'ai pris vraiment conscience du problème qu'à la naissance de Choupinette, quand ma mère s'est enfin décidée à mettre des mots sur ses inquiétudes et à m'en parler. Il y a des jours avec, il y a des jours sans, lors de ses visites chez moi il arrive à se contrôler plutôt bien et à ne pas sortir du rang... n'empêche que plus ça dure, plus ça s'aggrave, et j'ai été un peu soulagée d'apprendre que grâce à l'aide du médecin de famille, mon père a accepté de se prendre en mains et de faire une cure. Demain a lieu l'entretien avec le médecin qui décidera des conditions, de la durée, du contenu... la bataille est loin d'être gagnée, même avec le pseudo-détachement qui est le mien je ne peux souvent pas empêcher une petite boule de se former dans ma gorge. Alors je croise les doigts, je prie avec ce qui me reste de foi que ma famille s'en sorte, qu'elle fasse preuve de force, de volonté et de discipline pour s'en sortir et acquérir un nouvel équilibre, dans lequel tout le monde trouve sa place. Y compris moi. 

I'll be back!

vendredi 4 mai 2012

Je suis timide... mais j'me soigne

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une fille complexée avec une confiance en soi proche du zéro absolu. Je crois que ça a vraiment démarré à l’école primaire, cette période où les enfants deviennent méchants, dès que le physique commence à avoir de l’importance. J’ai toujours été grande et assez costaud, donc enfant je passais facilement pour «grosse». Je me souviens d’une phase où j’avais été super contente qu’on me donne un surnom, ça voulait dire que je faisais partie de la bande, que j’étais intégrée… que ce surnom soit Bouboule, ça a quand même fini par me peser…

Quand on est enfant ou même ado, on ne choisit pas forcément ses fringues. Enfin, chez moi c’était pas le cas. Ma mère avait toujours tendance à m’habiller en vraie petite fille, avec des robes à volants, des trucs roses… oh c’était toujours des choses jolies, et sans doute chères, mais quand on est au collège, que les autres ont tous des jeans et des t-shirts Naf-Naf et que soi-même on porte des robes en velours et un manteau en espèce de fausse fourrure rose (je l’adorais ce manteau, jusqu’à ce que je me prenne une remarque déplacée un jour, à partir de là je trouvais toutes les excuses pour ne plus le mettre), on se sent marginale. Et puis la coiffure, n’en parlons pas. Au début j’aimais mes cheveux longs, j’aimais les nattes et les macarons façon princesse Leila que ma mère me faisait tous les matins. Ces tresses, je les ai portées jusqu’en 6ième, jusqu’à ce qu’encore une fois je me fasse traiter de naze par des camarades. Exit les nattes. Tout ceci a fait que je me suis un peu renfermée sur moi-même. J’avais des copines bien sûr, qui elles étaient souvent les stars de la classe… le syndrôme de la copine moche ? Je le ressentais à 100%.

La période la pire, ça a été le collège. J’ai eu droit à l’appareil dentaire façon Dents d’Acier, à un moment avec la totale, les petits élastiques qui reliaient le haut et le bas (et qui pétaient quand on ouvrait trop grand la bouche), les gencives en sang, et le casque la nuit qui tirait horriblement et qui rendait toute position autre que sur le dos impossible. Top glamour. Le pire du pire, ça a été lorsque les boutons d’acné sont apparus en plus. Je pouvais difficilement me regarder dans une glace… c’est aussi la période où le corps change et devient (théoriquement) celui d’une femme. Le mien restait sans formes, et il a fallu que j’attende mes 18 ans pour me faire à l’idée que bon, c’était comme ça, jamais je ne ferai plus qu’un 85B. Au lycée et à la Fac, mon physique s’est légèrement amélioré (plus d’appareil dentaire, une peau de nouveau potable grâce à Roaccutane mon sauveur), ma confiance en moi par contre, c’était toujours pas ça. Complexée un jour, complexée toujours. Mais mon caractère a un peu changé. J’ai choisi l’auto-ironie comme moyen de défense.. J’étais toujours timide, mais je devenais plus expansive, me moquant de moi-même à chaque occasion. Vestimentairement, j’ai essayé de me trouver un style. Pas forcément à la dernière mode, j’avais ni les moyens ni la force de persuasion nécessaire sur ma mère… mais j’ai commencé à mettre des jolis petits bijoux, à accorder les tenues, à mettre des petits talons, à me maquiller un peu plus, de sorte de faire ressortir mes yeux bleus, seule vraie partie de moi que j’ai toujours trouvée convenable (et que j'ai léguée à mes enfants). Et tout ça, ça a payé. Ce n’est plus seulement moi qui allais vers les autres pour m’en faire des amis, ce sont aussi eux qui venaient vers moi. Mes autocritiques passaient pour un signe de confiance en soi. Mais complexée, je l’étais toujours. Je n’arrivais pas à comprendre ce que ces amis pouvaient me trouver, je me sentais toujours aussi banale, moche, ordinaire. Complètement ordinaire. Sentimentalement, j’étais toujours au point mort, je n’attirais que des gentils garçons un peu polards et souvent pas très gracieux. Moi, je tombais amoureuse des autres, les bad boys, les séducteurs, ceux qui me voyaient seulement comme une bonne copine rigolote et pas comme une potentielle petite copine.

Arrivée à 20 ans en école d’ingés, revirement de situation. 95 mecs + 10 filles = l’embarras du choix. Les derniers mois, avec le stress du concours j’avais perdu du poids, avant la rentrée je m’étais décidée à couper un peu mes cheveux, et paf d’un coup je récoltais plus de compliments que dans toute ma vie jusque là. Le premier beau gosse qui a manifesté un peu d’intérêt pour ma petite personne, il m’a accrochée. Et puis j’ai rencontré le Mec. Qui m’a séduite, charmée, qui petit à petit a réussi à rajouter quelques pierres à l’édifice fragile de ma confiance en moi. Qu’un homme aussi merveilleux soit amoureux de moi depuis presque 18 ans, c’est ce qui me fait penser de temps en temps que finalement, je suis peut-être quelqu’un de bien.

Au niveau du boulot, pareil. J’ai toujours été une bosseuse, donc ça marchait bien, mais jamais je n’ai eu de don, de talent inné pour quelque chose. Et mes parents ne m’ont jamais donné l’impression que c’était quelque chose de spécial d’avoir un minimum de succès scolaire. Première de la classe? C’est normal. Bac scientifique avec mention? C’est normal. 86ième d'un concours national? C’est normal. Un premier bon boulot dans une grosse boîte allemande? C’est normal. Assistante d’un chef de centre? C’est normal. Jamais ils ne m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi, alors moi aussi j’ai commencé à trouver tout normal, pas extraordinaire, à la portée de n’importe qui. J’ai tendance à rabaisser ce que je fais, à dire que j’ai seulement eu de la chance, que j’étais au bon endroit au bon moment, et que n’importe qui d’autre pourrait faire ce que je fais. Ce genre de choses fait que je suis rarement dans l'initiative, je suis peu mordante, je me laisse guider par les événements, par les gens qui me tendent la main. Tout se qui s'est passé les derniers mois, la dernière discussion avec Mister Boss à propos de ma carrière, vous n'imaginez pas combien ça m'a stressée. Tout en m'apercevant que si je le voulais, je pouvais bien me vendre, je pouvais avoir un minimum d'ambition, sans pour autant ne plus être gentille et prendre le melon.

Mon premier blog aussi, ça a été une «thérapie». À côté de la confiance du Mec, de son soutien, de sa fierté, à côté du boulot qui marche bien et où on reconnaît mes qualités, à côté des vrais amis pour qui je m’aperçois que je compte, ces quelques lignes quotidiennes étaient un moyen pour moi d’exprimer qui je suis. De réaliser que je pouvais «plaire» à de parfaits inconnus. De me réconcilier avec moi-même. De m’estimer moi-même. Même si régulièrement je ne pouvais m’empêcher de penser « mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien y trouver à ma prose? »

Alors bon, j’en suis pas encore à chanter « You’re simply the best » le matin devant la glace en faisant ma toilette (rigolez pas, un ancien collègue du Mec c’était son rituel du matin !) ou à remplir un cahier avec mes succès de la journée. Mais de penser à tout ça, à mon homme, à ma vie, à mes amis, à ces petits jardins secrets dispersés sur le Net où on ne me juge pas… ben ça me fait presque plaisir d’être moi.