D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une fille complexée avec une confiance en soi proche du zéro absolu. Je crois que ça a vraiment démarré à l’école primaire, cette période où les enfants deviennent méchants, dès que le physique commence à avoir de l’importance. J’ai toujours été grande et assez costaud, donc enfant je passais facilement pour «grosse». Je me souviens d’une phase où j’avais été super contente qu’on me donne un surnom, ça voulait dire que je faisais partie de la bande, que j’étais intégrée… que ce surnom soit Bouboule, ça a quand même fini par me peser…
Quand on est enfant ou même ado, on ne choisit pas forcément ses fringues. Enfin, chez moi c’était pas le cas. Ma mère avait toujours tendance à m’habiller en vraie petite fille, avec des robes à volants, des trucs roses… oh c’était toujours des choses jolies, et sans doute chères, mais quand on est au collège, que les autres ont tous des jeans et des t-shirts Naf-Naf et que soi-même on porte des robes en velours et un manteau en espèce de fausse fourrure rose (je l’adorais ce manteau, jusqu’à ce que je me prenne une remarque déplacée un jour, à partir de là je trouvais toutes les excuses pour ne plus le mettre), on se sent marginale. Et puis la coiffure, n’en parlons pas. Au début j’aimais mes cheveux longs, j’aimais les nattes et les macarons façon princesse Leila que ma mère me faisait tous les matins. Ces tresses, je les ai portées jusqu’en 6ième, jusqu’à ce qu’encore une fois je me fasse traiter de naze par des camarades. Exit les nattes. Tout ceci a fait que je me suis un peu renfermée sur moi-même. J’avais des copines bien sûr, qui elles étaient souvent les stars de la classe… le syndrôme de la copine moche ? Je le ressentais à 100%.
La période la pire, ça a été le collège. J’ai eu droit à l’appareil dentaire façon Dents d’Acier, à un moment avec la totale, les petits élastiques qui reliaient le haut et le bas (et qui pétaient quand on ouvrait trop grand la bouche), les gencives en sang, et le casque la nuit qui tirait horriblement et qui rendait toute position autre que sur le dos impossible. Top glamour. Le pire du pire, ça a été lorsque les boutons d’acné sont apparus en plus. Je pouvais difficilement me regarder dans une glace… c’est aussi la période où le corps change et devient (théoriquement) celui d’une femme. Le mien restait sans formes, et il a fallu que j’attende mes 18 ans pour me faire à l’idée que bon, c’était comme ça, jamais je ne ferai plus qu’un 85B. Au lycée et à la Fac, mon physique s’est légèrement amélioré (plus d’appareil dentaire, une peau de nouveau potable grâce à Roaccutane mon sauveur), ma confiance en moi par contre, c’était toujours pas ça. Complexée un jour, complexée toujours. Mais mon caractère a un peu changé. J’ai choisi l’auto-ironie comme moyen de défense.. J’étais toujours timide, mais je devenais plus expansive, me moquant de moi-même à chaque occasion. Vestimentairement, j’ai essayé de me trouver un style. Pas forcément à la dernière mode, j’avais ni les moyens ni la force de persuasion nécessaire sur ma mère… mais j’ai commencé à mettre des jolis petits bijoux, à accorder les tenues, à mettre des petits talons, à me maquiller un peu plus, de sorte de faire ressortir mes yeux bleus, seule vraie partie de moi que j’ai toujours trouvée convenable (et que j'ai léguée à mes enfants). Et tout ça, ça a payé. Ce n’est plus seulement moi qui allais vers les autres pour m’en faire des amis, ce sont aussi eux qui venaient vers moi. Mes autocritiques passaient pour un signe de confiance en soi. Mais complexée, je l’étais toujours. Je n’arrivais pas à comprendre ce que ces amis pouvaient me trouver, je me sentais toujours aussi banale, moche, ordinaire. Complètement ordinaire. Sentimentalement, j’étais toujours au point mort, je n’attirais que des gentils garçons un peu polards et souvent pas très gracieux. Moi, je tombais amoureuse des autres, les bad boys, les séducteurs, ceux qui me voyaient seulement comme une bonne copine rigolote et pas comme une potentielle petite copine.
Arrivée à 20 ans en école d’ingés, revirement de situation. 95 mecs + 10 filles = l’embarras du choix. Les derniers mois, avec le stress du concours j’avais perdu du poids, avant la rentrée je m’étais décidée à couper un peu mes cheveux, et paf d’un coup je récoltais plus de compliments que dans toute ma vie jusque là. Le premier beau gosse qui a manifesté un peu d’intérêt pour ma petite personne, il m’a accrochée. Et puis j’ai rencontré le Mec. Qui m’a séduite, charmée, qui petit à petit a réussi à rajouter quelques pierres à l’édifice fragile de ma confiance en moi. Qu’un homme aussi merveilleux soit amoureux de moi depuis presque 18 ans, c’est ce qui me fait penser de temps en temps que finalement, je suis peut-être quelqu’un de bien.
Au niveau du boulot, pareil. J’ai toujours été une bosseuse, donc ça marchait bien, mais jamais je n’ai eu de don, de talent inné pour quelque chose. Et mes parents ne m’ont jamais donné l’impression que c’était quelque chose de spécial d’avoir un minimum de succès scolaire. Première de la classe? C’est normal. Bac scientifique avec mention? C’est normal. 86ième d'un concours national? C’est normal. Un premier bon boulot dans une grosse boîte allemande? C’est normal. Assistante d’un chef de centre? C’est normal. Jamais ils ne m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi, alors moi aussi j’ai commencé à trouver tout normal, pas extraordinaire, à la portée de n’importe qui. J’ai tendance à rabaisser ce que je fais, à dire que j’ai seulement eu de la chance, que j’étais au bon endroit au bon moment, et que n’importe qui d’autre pourrait faire ce que je fais. Ce genre de choses fait que je suis rarement dans l'initiative, je suis peu mordante, je me laisse guider par les événements, par les gens qui me tendent la main. Tout se qui s'est passé les derniers mois, la dernière discussion avec Mister Boss à propos de ma carrière, vous n'imaginez pas combien ça m'a stressée. Tout en m'apercevant que si je le voulais, je pouvais bien me vendre, je pouvais avoir un minimum d'ambition, sans pour autant ne plus être gentille et prendre le melon.
Mon premier blog aussi, ça a été une «thérapie». À côté de la confiance du Mec, de son soutien, de sa fierté, à côté du boulot qui marche bien et où on reconnaît mes qualités, à côté des vrais amis pour qui je m’aperçois que je compte, ces quelques lignes quotidiennes étaient un moyen pour moi d’exprimer qui je suis. De réaliser que je pouvais «plaire» à de parfaits inconnus. De me réconcilier avec moi-même. De m’estimer moi-même. Même si régulièrement je ne pouvais m’empêcher de penser « mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien y trouver à ma prose? »
Quand on est enfant ou même ado, on ne choisit pas forcément ses fringues. Enfin, chez moi c’était pas le cas. Ma mère avait toujours tendance à m’habiller en vraie petite fille, avec des robes à volants, des trucs roses… oh c’était toujours des choses jolies, et sans doute chères, mais quand on est au collège, que les autres ont tous des jeans et des t-shirts Naf-Naf et que soi-même on porte des robes en velours et un manteau en espèce de fausse fourrure rose (je l’adorais ce manteau, jusqu’à ce que je me prenne une remarque déplacée un jour, à partir de là je trouvais toutes les excuses pour ne plus le mettre), on se sent marginale. Et puis la coiffure, n’en parlons pas. Au début j’aimais mes cheveux longs, j’aimais les nattes et les macarons façon princesse Leila que ma mère me faisait tous les matins. Ces tresses, je les ai portées jusqu’en 6ième, jusqu’à ce qu’encore une fois je me fasse traiter de naze par des camarades. Exit les nattes. Tout ceci a fait que je me suis un peu renfermée sur moi-même. J’avais des copines bien sûr, qui elles étaient souvent les stars de la classe… le syndrôme de la copine moche ? Je le ressentais à 100%.
La période la pire, ça a été le collège. J’ai eu droit à l’appareil dentaire façon Dents d’Acier, à un moment avec la totale, les petits élastiques qui reliaient le haut et le bas (et qui pétaient quand on ouvrait trop grand la bouche), les gencives en sang, et le casque la nuit qui tirait horriblement et qui rendait toute position autre que sur le dos impossible. Top glamour. Le pire du pire, ça a été lorsque les boutons d’acné sont apparus en plus. Je pouvais difficilement me regarder dans une glace… c’est aussi la période où le corps change et devient (théoriquement) celui d’une femme. Le mien restait sans formes, et il a fallu que j’attende mes 18 ans pour me faire à l’idée que bon, c’était comme ça, jamais je ne ferai plus qu’un 85B. Au lycée et à la Fac, mon physique s’est légèrement amélioré (plus d’appareil dentaire, une peau de nouveau potable grâce à Roaccutane mon sauveur), ma confiance en moi par contre, c’était toujours pas ça. Complexée un jour, complexée toujours. Mais mon caractère a un peu changé. J’ai choisi l’auto-ironie comme moyen de défense.. J’étais toujours timide, mais je devenais plus expansive, me moquant de moi-même à chaque occasion. Vestimentairement, j’ai essayé de me trouver un style. Pas forcément à la dernière mode, j’avais ni les moyens ni la force de persuasion nécessaire sur ma mère… mais j’ai commencé à mettre des jolis petits bijoux, à accorder les tenues, à mettre des petits talons, à me maquiller un peu plus, de sorte de faire ressortir mes yeux bleus, seule vraie partie de moi que j’ai toujours trouvée convenable (et que j'ai léguée à mes enfants). Et tout ça, ça a payé. Ce n’est plus seulement moi qui allais vers les autres pour m’en faire des amis, ce sont aussi eux qui venaient vers moi. Mes autocritiques passaient pour un signe de confiance en soi. Mais complexée, je l’étais toujours. Je n’arrivais pas à comprendre ce que ces amis pouvaient me trouver, je me sentais toujours aussi banale, moche, ordinaire. Complètement ordinaire. Sentimentalement, j’étais toujours au point mort, je n’attirais que des gentils garçons un peu polards et souvent pas très gracieux. Moi, je tombais amoureuse des autres, les bad boys, les séducteurs, ceux qui me voyaient seulement comme une bonne copine rigolote et pas comme une potentielle petite copine.
Arrivée à 20 ans en école d’ingés, revirement de situation. 95 mecs + 10 filles = l’embarras du choix. Les derniers mois, avec le stress du concours j’avais perdu du poids, avant la rentrée je m’étais décidée à couper un peu mes cheveux, et paf d’un coup je récoltais plus de compliments que dans toute ma vie jusque là. Le premier beau gosse qui a manifesté un peu d’intérêt pour ma petite personne, il m’a accrochée. Et puis j’ai rencontré le Mec. Qui m’a séduite, charmée, qui petit à petit a réussi à rajouter quelques pierres à l’édifice fragile de ma confiance en moi. Qu’un homme aussi merveilleux soit amoureux de moi depuis presque 18 ans, c’est ce qui me fait penser de temps en temps que finalement, je suis peut-être quelqu’un de bien.
Au niveau du boulot, pareil. J’ai toujours été une bosseuse, donc ça marchait bien, mais jamais je n’ai eu de don, de talent inné pour quelque chose. Et mes parents ne m’ont jamais donné l’impression que c’était quelque chose de spécial d’avoir un minimum de succès scolaire. Première de la classe? C’est normal. Bac scientifique avec mention? C’est normal. 86ième d'un concours national? C’est normal. Un premier bon boulot dans une grosse boîte allemande? C’est normal. Assistante d’un chef de centre? C’est normal. Jamais ils ne m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi, alors moi aussi j’ai commencé à trouver tout normal, pas extraordinaire, à la portée de n’importe qui. J’ai tendance à rabaisser ce que je fais, à dire que j’ai seulement eu de la chance, que j’étais au bon endroit au bon moment, et que n’importe qui d’autre pourrait faire ce que je fais. Ce genre de choses fait que je suis rarement dans l'initiative, je suis peu mordante, je me laisse guider par les événements, par les gens qui me tendent la main. Tout se qui s'est passé les derniers mois, la dernière discussion avec Mister Boss à propos de ma carrière, vous n'imaginez pas combien ça m'a stressée. Tout en m'apercevant que si je le voulais, je pouvais bien me vendre, je pouvais avoir un minimum d'ambition, sans pour autant ne plus être gentille et prendre le melon.
Mon premier blog aussi, ça a été une «thérapie». À côté de la confiance du Mec, de son soutien, de sa fierté, à côté du boulot qui marche bien et où on reconnaît mes qualités, à côté des vrais amis pour qui je m’aperçois que je compte, ces quelques lignes quotidiennes étaient un moyen pour moi d’exprimer qui je suis. De réaliser que je pouvais «plaire» à de parfaits inconnus. De me réconcilier avec moi-même. De m’estimer moi-même. Même si régulièrement je ne pouvais m’empêcher de penser « mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien y trouver à ma prose? »
Alors bon, j’en suis pas encore à chanter « You’re simply the best » le matin devant la glace en faisant ma toilette (rigolez pas, un ancien collègue du Mec c’était son rituel du matin !) ou à remplir un cahier avec mes succès de la journée. Mais de penser à tout ça, à mon homme, à ma vie, à mes amis, à ces petits jardins secrets dispersés sur le Net où on ne me juge pas… ben ça me fait presque plaisir d’être moi.
2 commentaires:
C'est très bien écrit...Merci de nous laisser entrevoir cette part si intime de ta vie...
Moi aussi, quand je repense à l''adolescence... pfff 90 D, l'air d'un tronc, l'appareil dentaire et les moqueries des autres, alors que, franchement, je n'étais pas un laideron non plus.
l'écrire, c'est sans doute aussi un pas vers la "guérison" :-)
merci pour le compliment en tout cas, ça me fait très plaisir, surtout venant de toi dont j'admire la plume!
ah, tu vois, un truc qu'on n'a pas en commun, le tour de poitrine! :-) :-):-)
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